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Friday, 28 August 2015

Les Clés du Royaume- "" Mangez moins, les portes du paradis sont étroites.""



« « Le Christ était un homme parfait, mais Confucius était plus drôle ! » » 14

« « Et cet incident choquant : une de vos meilleures paroissiennes, Mme Glendenning, qui ne peut rien à son obésité, est venue vous trouver pour vous demander des conseils, comme à son directeur de conscience, sur quoi vous l’avez considérée de haut en bas et lui avez recommandé : « Mangez moins, les portes du paradis sont étroites. » » 15

« « Aujourd’hui, si quelqu’un croit en Dieu, personne ne doute qu’il soit hypocrite ou idiot ! » » 138

« « Ne confondez-vous pas la luxure avec la nature ?
- Jésus, Marie, Joseph ! Et quelle est la différence ?
- Celle même qui sépare la maladie de la santé. » » 157

« Pour un homme si modeste, si conscient des limites de son intelligence, sa conviction de l’inexistence de Dieu est extraordinairement positive. » 188

« La gorge de Mme Neily se contracte convulsivement. Elle s’efforce stupidement de dissimuler la bouteille dans sa robe de chambre. Enfin, elle articule : « Il faut bien que je la soutienne un peu…après toutes ces émotions…c’est de la bière pour malades. » 196

« Le miracle de la foi : c’est la foi  elle-même qui constitue le miracle. » 205

« «O mon Dieu ! nous sommes incapables de commencer même à vous concevoir. » » 205

« « Votre Sainteté ! […] Et depuis quand êtes-vous médecin ? Tant pis : guéris ceux que tu peux et tue le reste. » » 246

Un mourant : « Je cherchais l’aventure, j’ai rencontré la plus grande. » 307

« « Dieu ne nous juge pas d’après nos croyances…mais d’après nos actes. » » 314

« « Comment définissez-vous un chrétien ? Celui qui va à l’église un jour sur sept, et ment, calomnie et trompe son prochain pendant les six autres ? » » 314

« « C’est la vie…il faut toujours recommencer, lorsque tout est perdu ! » » 321

« « Nombreuses sont les portes du ciel. Nous en choisissons une, ces nouveaux prédicateurs entrent par une autre. » » 345

« « Vous autres missionnaires, vous arrivez avec l’Evangile, et vous repartez avec notre pays en poche. » » 419

« Aujourd’hui, naissance du cinquième  enfant de Joseph. Comme la vie file ! Qui aurait pensé que ce brave garçon, timide, bavard, susceptible, deviendrait un jour un patriarche ? Son goût prononcé pour le sucre aurait dû me le rendre suspect. » 428

Torturés et menacés de mort : « «Pensez-vous, maître, que nous retournerons jamais à la mission ? »
- Si nous n’y retournons pas, Josué, le bon Dieu te donnera un cheval encore plus beau au ciel. » Après un temps, Josué reprend d’une voix faible : « Je crois, maître, que je préférerais le petit poney de la mission. » » 455

« Son ton est pratique, comme si elle discutait le menu du dîner. « Ne nous illusionnons pas, mon chéri. S’il nous laisse en vie, c’est uniquement pour nous faire subir une mort plus horrible. » 456

« « Qui d’entre nous pourrait avoir la moindre idée de Dieu ? » répliqua le prêtre, toujours souriant. « Le mot « Dieu » est une expression humaine…qui traduit notre adoration envers notre Créateur…» » 494

Auteur's library

A.J. Cronin

Les Clés du Royaume (The Keys of the Kingdom)

1941

Un véritable roman de mœurs, Les Clés du Royaume étudie le clergé catholique, sa corruption, ses contradictions de valeurs (foi vs. dogme), la place de la religion et du missionnaire dans la société, tout en prêchant une tolérance religieuse parfois trop simpliste. Un livre sur la trajectoire des vies, où l’on termine là où l’on a commencé. De la même trame que Sarn, ce livre semble vieillot, plein de morale, l’histoire d’un long drame où les personnages sont autant soumis aux caprices du destin qu’à la plume impitoyable de l’auteur. Mais, c'est avant tout un roman qui a mal vieilli.
Il se lit comme un fleuve de tragédie où les personnages, dénués de volition, se trouvent secoués d’un drame à l’autre. Même le violeur incestueux est jugé victime de son manque de résolution ! L’ironie étant que Francis, le héros, est prêt à tuer des gens qui menacent de violer les femmes de sa mission, mais excuse presque le passage à l’acte de Ned. Pourquoi ? parce qu’il le connaît, qu’il juge son acte “out of character”, quand plusieurs choses suggéraient déjà son attitude vicelarde. Peut-être Cronin met-il seulement en scène le 19ème siècle, en proie à ses préjugés et ses idées reçues; mais cela reste étrange que dans un récit où toutes sortes de maux sont fustigés, le pire d’entre eux, le viol, n’est pas tant condamné que pris en pitié. C’est simple, le violeur se voit doté d’une soudaine conscience (il n’est pas vraiment un mauvais gars, il a juste fait une erreur!) ; la victime, elle, est sacrifiée : ainsi, elle ne nous gênera pas trop avec son traumatisme et servira à épaissir le personnage tragique du héros.
L’histoire est un peu trop prévisible, la suite des évènements trop forcée. Si Cronin jouit du talent de conteur, celui-ci semble gâché dans cette œuvre sommes toutes assez pauvre, et même lassante. Il y a de la substance, mais il faut enlever les couches de lyrisme pour la dégoter ; le roman en devient un recueil de bons moments, plutôt qu’une bonne histoire. L’exaltation de l’écriture empêche le lecteur de se faire son idée, intervient avant de lui laisser le temps de juger et, par là-même, l’écarte des personnages en voulant fausser son jugement. Peut-être que nous n’avons pas le même avis sur Francis que Cronin... Avec son analyse intégrale du personnage, il nous fourre dans les bras son prêtre bien-aimé et exige de nous qu’on le plaigne, encore et encore. Tous les personnages sont créées, caricaturés et peaufinés dans le but de soutenir la thèse chère à l’auteur, selon laquelle son héros est un saint d’humilité désintéressée, un vrai persécuté. Ce martyre (image volontaire du Christ sur la croix?) est entouré de gens passablement mauvais, du violeur à l’orgueilleuse nationaliste et immorale, de gens bons aussi, mais qui, évidemment, sont trop faibles pour pouvoir réagir. Ce procédé génère l’effet contraire : on s‘endurcit par rapport au héros, le récit en devient, à force, rageant, et c’est avec soulagement qu’on tourne la dernière page en se disant : enfin !
Les Clés du Royaume
aurait dû s’intituler Le Misérable.